Accident de la route : demander une provision

Introduction

Lorsqu’une victime d’accident de la route subit des blessures, ses conséquences financières et humaines sont immédiates : perte de revenus, frais médicaux, aide d’un tiers, adaptation du logement, préjudices liés à la santé de la victime. Or, l’indemnisation finale de ses dommages peut intervenir plusieurs années après l’accident, une fois l’expertise médicale aboutie et l’état de santé consolidé.
Dans cette attente, la demande de provision est un mécanisme essentiel : elle permet à la victime d’obtenir rapidement une indemnité provisionnelle versée par l’assureur responsable, afin de faire face aux premières dépenses et compenser une partie des pertes.

La loi Badinter du 5 juillet 1985 a instauré un véritable droit à indemnisation pour les victimes d’accidents de la circulation impliquant un véhicule terrestre à moteur. Elle prévoit notamment l’obligation pour la compagnie d’assurance de présenter une offre d’indemnisation dans des délais précis. Si cette offre provisionnelle n’est pas faite, ou si la somme allouée n’est pas suffisante, il est possible de saisir le juge des référés pour obtenir une provision.

Cet article détaille le cadre légal, les délais, la procédure et les bonnes pratiques pour demander une provision suite à un accident corporel, en mettant en lumière le rôle central de l’avocat en droit du dommage corporel.


I. Le cadre légal de la demande de provision

1. La loi du 5 juillet 1985

La loi du 5 juillet 1985, dite loi Badinter, a instauré un régime protecteur pour les victimes d’accidents de la route.
Elle s’applique à tout accident de la circulation routière impliquant un véhicule terrestre à moteur (voiture, moto, camion, bus…).

Cette loi consacre le principe du droit à indemnisation des victimes, indépendamment de la responsabilité civile du conducteur, sauf faute inexcusable de la victime.
Elle impose à l’assureur :

  • d’informer rapidement la victime de ses droits,
  • de présenter une offre d’indemnisation dans un délai de huit mois à compter de l’accident,
  • de verser une provision dans l’attente de l’indemnisation définitive.

2. Le rôle des articles du Code

Le Code civil et le Code des assurances fixent les bases légales du recours à la provision. L’article L.211-9 du Code des assurances prévoit explicitement que l’assureur doit verser une avance à la victime lorsque son droit à indemnisation n’est pas contestable.
De plus, le Code de procédure civile permet la saisine du juge des référés pour toute demande d’indemnité provisionnelle, sans attendre la fin du procès au fond.


II. Le droit pour la victime d’obtenir une provision

1. Les conditions

Pour obtenir une provision, la victime doit démontrer :

  • qu’elle est bien victime d’un accident de la circulation,
  • que son droit à indemnisation est acquis (absence de faute grave exonératoire),
  • que les conséquences de l’accident justifient une avance financière (hospitalisation, perte de revenus, dommages corporels).

2. La procédure amiable avec l’assureur

Dans un premier temps, la demande de provision est adressée directement à la compagnie d’assurance.
L’assureur doit alors présenter une offre dans les délai fixés par la loi Badinter :

  • une offre provisionnelle dans les 3 mois qui suivent la demande de la victime,
  • une offre définitive dans les 8 mois à compter de l’accident.

Si la somme versée par l’assureur adverse est insuffisante ou contestable, la victime peut saisir le juge.


III. Le rôle du juge des référés

1. La saisine en référé

Le référé est une procédure judiciaire rapide qui permet au juge d’ordonner des mesures provisoires dans l’attente d’un jugement au fond.
En matière d’accident corporel, le juge des référés peut ordonner à l’assureur de verser une somme provisionnelle à la victime, même avant la fin de l’expertise médicale.

Le juge apprécie :

  • la gravité du préjudice subi,
  • les justificatifs fournis (arrêts de travail, factures de frais médicaux, pertes de revenus),
  • le caractère non contestable du droit à indemnisation.

2. Les délais judiciaires

La procédure en référé est plus rapide qu’un procès au fond : en quelques semaines ou quelques mois, la victime peut obtenir une provision permettant de couvrir ses besoins immédiats.
Cette avance est allouée à titre provisionnel, c’est-à-dire qu’elle sera déduite de l’indemnisation finale.


IV. L’expertise médicale et son importance

1. Détermination de l’état de santé

L’expertise médicale joue un rôle central. Elle évalue l’état de santé de la victime, ses séquelles, son taux d’incapacité, et fixe la date de consolidation.

Tant que l’état n’est pas consolidé, seule une provision peut être demandée.
Une fois la consolidation médicale acquise, l’indemnisation finale peut être calculée.

2. Expertise amiable et judiciaire

Deux types d’expertise médicale existent :

  • l’expertise amiable, souvent réalisée par un médecin mandaté par l’assureur,
  • l’expertise judiciaire, ordonnée par le juge, avec un médecin inscrit sur une liste officielle.

L’avocat en droit du dommage corporel conseille toujours de se faire assister d’un médecin conseil pour éviter un déséquilibre face à l’assureur.


V. Le calcul des provisions

1. Les postes indemnisables

La provision vise à couvrir les principaux postes de préjudices :

  • pertes de revenus liées à l’incapacité temporaire de travail,
  • frais médicaux et paramédicaux,
  • aide humaine à domicile,
  • aménagement du logement ou du véhicule,
  • souffrances endurées et atteinte à la qualité de vie.

2. Montant et critères

Le montant de la provision dépend de la situation de la victime.
Les juges tiennent compte des justificatifs produits et des premières évaluations médicales.
Exemple : une somme de quelques milliers d’euros peut être allouée en urgence pour couvrir des soins, tandis que des pertes de revenu importantes justifieront une provisionnelle plus élevée.

Il s’agit d’une avance : si la provision versée est supérieure à l’indemnisation définitive, la victime devra restituer le trop-perçu.


VI. L’articulation avec l’indemnisation finale

1. Déduction des provisions

Les provisions versées sont déduites de l’indemnisation finale.
Par exemple, si la victime a perçu 15 000 euros en plusieurs versements provisionnels, et que l’indemnisation définitive est fixée à 50 000 euros, l’assureur ne règlera que le solde.

2. Les risques de retard

Si l’assureur ne respecte pas les délais imposés (notamment l’offre d’indemnisation dans les huit mois à compter de l’accident), la loi prévoit des pénalités d’intérêt.
Le retard de l’assureur est donc financièrement sanctionné, ce qui incite les compagnies à respecter leurs obligations.


VII. Le rôle essentiel de l’avocat

1. Défendre les droits de la victime

L’avocat spécialisé en droit du dommage corporel est l’allié indispensable pour :

  • préparer la demande de provision,
  • rassembler les éléments médicaux et financiers,
  • négocier avec la compagnie d’assurance adverse,
  • saisir le juge des référés en cas de refus ou d’offre contestable.

2. Conseiller sur la stratégie

L’avocat veille à ce que la provision allouée soit suffisante, et que l’indemnisation finale reflète réellement les préjudices subis.
Il connaît la jurisprudence de la cour de cassation, les barèmes indicatifs, et s’assure du respect des articles du Code applicables.


Conclusion

La demande de provision constitue un outil fondamental pour les victimes d’accidents de la route. Elle permet de ne pas attendre plusieurs années avant de percevoir une indemnité provisionnelle. Grâce à la loi Badinter et aux textes du Code des assurances, les assureurs ont l’obligation de présenter une offre rapide et, le cas échéant, de procéder au versement d’une avance.
En cas de difficulté, le recours au juge des référés garantit à la victime la possibilité d’obtenir une provision dans des délais raisonnables.

Le rôle de l’avocat en droit du dommage corporel est central : il accompagne la victime, défend ses droits et veille à ce que la provision versée soit suffisante pour améliorer concrètement la situation en attendant l’indemnisation finale.

Ainsi, la provision n’est pas seulement une avance financière : elle est une garantie légale, une respiration nécessaire pour les victimes, leur permettant de faire face aux conséquences immédiates d’un drame et de préparer sereinement l’avenir.

FAQ – Demander une provision après un accident de la route

1) Qu’est-ce qu’une “provision” en matière d’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation ?
La provision est une indemnité versée à la victime à titre provisoire, avant l’indemnisation finale de tous les préjudices. Elle sert à verser rapidement une somme permettant de faire face aux frais immédiats (soins, déplacements, perte de revenu) dans l’attente de la consolidation de l’état de santé et du chiffrage définitif.

2) Qui doit payer la provision : l’assureur ou le responsable ?
Dans le cadre de la loi Badinter (loi du 5 juillet 1985), c’est en pratique l’assureur adverse (la compagnie d’assurance du véhicule terrestre à moteur impliqué) qui verse la provision lorsque le droit à indemnisation de la victime n’est pas contestable. L’assureur est tenu de présenter une offre d’indemnisation dans des délai précis.

3) Quels sont les délais pour obtenir une provision ?
Après la demande de la victime, l’assureur doit présenter une offre provisionnelle rapidement (généralement dans les mois qui suivent la demande), puis une offre d’indemnisation définitive dans les huit mois à compter de la date de l’accident. En cas de retard injustifié ou d’absence d’offre, il est possible de saisir le juge des référés.

4) Comment se déroule la procédure en référé pour obtenir une provision ?
Le référé est une procédure judiciaire rapide. L’avocat saisit le juge (juridiction civile) avec un dossier justifiant le droit à indemnisation et le besoin d’une avance : certificats, arrêts de travail, justificatifs de dommages corporels, frais médicaux, pertes de revenus. Le juge peut allouer une provision même si l’expertise médicale n’est pas terminée.

5) Quels documents fournir pour justifier la demande de provision ?
Un dossier clair : constat/procès-verbal, attestations, certificats médicaux, ordonnances, factures, bulletins de salaire, attestation employeur, avis d’imposition, justificatifs des frais (déplacements, soins), premiers rapports d’expertise (amiable ou judiciaire), toute information sur l’état de santé et la consolidation (si déjà fixée).

6) Quel peut être le montant de la provision ?
Le montant dépend des éléments produits (gravité, taux d’incapacité, pertes de revenus, frais médicaux). La provision vise à couvrir l’urgence ; elle peut aller de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros selon le cas. Elle sera déduite de l’indemnisation finale versée au terme de l’évaluation complète des préjudices.

7) L’expertise médicale est-elle indispensable pour une provision ?
Pas nécessairement. Le juge des référés peut allouer une provision sur la base d’éléments médicaux initiaux. Toutefois, l’expertise médicale (amiable – médecin mandaté par l’assureur – ou judiciaire) reste cruciale pour fixer la date de consolidation et l’indemnisation définitive. Être assisté d’un médecin conseil de victime est fortement recommandé en droit du dommage corporel.

8) Que se passe-t-il si l’assureur ne respecte pas les délais ou fait une offre insuffisante ?
En cas d’offre contestable ou tardive, on peut solliciter le référé devant le juge. Le code et la loi prévoient des intérêt(s) majorés en cas de retard fautif. L’assureur est tenu de respecter les délai (notamment l’offre d’indemnisation dans les huit mois à compter de l’accident).

9) La provision peut-elle être demandée si une procédure pénale est en cours ?
Oui. La procédure pénale (enquête, poursuites) n’empêche pas une action civile en référé pour obtenir une provision. La victime peut donc sécuriser des fonds sans attendre l’issue pénale, surtout lorsque la responsabilité civile ne fait pas de doute.

10) La provision est-elle définitive ?
Non. Elle est provisoire et sera imputée sur l’indemnisation finale. Si, à l’issue, la somme versée à titre provisionnel dépasse l’indemnité due, la victime devra restituer le trop-perçu ; à l’inverse, si la provision était insuffisante, un versement complémentaire interviendra.

11) Faut-il un avocat pour demander une provision ?
Fortement conseillé. L’avocat en droit du dommage corporel maîtrise la matière, sait présenter la demande, chiffrer le montant utile, opposer le code et la loi Badinter, gérer l’expertise médicale, et saisir le juge des référés si nécessaire, afin d’obtenir une provision suffisante et protéger les droits de la victime.

12) La victime peut-elle percevoir directement la provision sur son compte ?
Oui, la provision peut être versée directement à la victime (ou via son avocat selon l’organisation du dossier). L’important est que la victime soit informé(e) des modalités, et que la compagnie respecte ses obligations légales de présenter une offre et de payer dans les délai utiles.

Conclusion & contact

En cas d’accident de la route, la demande de provision est un levier décisif pour sécuriser rapidement des fonds en attendant l’indemnisation finale. Notre cabinet accompagne chaque victime pour présenter une offre, négocier avec l’assureur, organiser l’expertise médicale et, si nécessaire, saisir le juge des référés afin d’obtenir une provision suffisante au regard des préjudices (frais, pertes de revenus, soins). Agir vite, c’est préserver vos droits et votre trésorerie.

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Objectif : vous aider à obtenir rapidement une indemnité provisionnelle et préparer une indemnisation des victimes complète et juste.